Au bal des tétras lyres

Nous, les hommes (car oui je suis un homme), on dit souvent qu’on n’a pas la vie facile. Les femmes nous font croire qu’elles nous écoutent mais c’est finalement souvent elles qui prennent la décision finale. Bon d’accord, c’est très caricatural et quel est le lien avec les tétras ?

D’abord, pour ceux qui découvrent cet article, le tétras lyre est un oiseau ! C’est d’ailleurs un gallinacé de montagne, son nom scientifique est Lyrurus tetrix et on l’appelle également le petit coq de bruyère. Je ne vais pas ré-écrire ce que d’autres ont très bien fait, donc pour plus de détails, je vous laisse consulter la fiche sur oiseaux.net.

Le tétras lyre est présent dans quasi tous les massifs alpins. Par contre, ses populations ne sont pas très élevées. De plus, il subit différentes pressions qui ne lui permettent pas forcément de prospérer et d’assurer une présence pérenne. En outre, il n’a aucun statut de protection et il est chassé ! La LPO (Drôme, Isère et Savoie) travaille actuellement sur ce sujet et tente de demander un statut de protection sur le tétras lyre et d’autres gallinacés de montagne.

Les autres menaces sont principalement liées à l’hiver. Espèce non migratrice, elle reste dans le même environnement toute l’année. Par contre, la météo de son habitat évolue. Et oui l’hiver, il fait froid et il y a de la neige ! Les ressources alimentaires diminuent. Le tétras ralentit donc son mode de vie : il réduit son activité, ses déplacements et se nourrit moins. Sa nourriture est plus difficile à trouver et est moins énergétique.
Depuis un peu plus de 50 ans, beaucoup de montagnes se sont vues balafrées par des stations de ski. Ces stations et la pratique du ski hors-piste proche des pistes ont empiété largement sur les lieux et zones de vie. Cela restreint donc énormément son habitat. Les câbles des remontées mécaniques sont également des dangers pour toutes les bêtes à plumes. De plus, depuis quelques années et l’avènement du ski de randonnée, beaucoup de skieurs traversent des territoires qui restaient vierges auparavant. La raquette à neige et le gps facilitent aussi l’accès à des zones qui n’étaient pas non plus explorées. Or, chaque dérangement durant l’hiver épuise les ressources du tétras. On dit que 3 dérangements peuvent le tuer. En effet, le soir, il se réfugie sous la neige pour s’isoler et rester au chaud. Au moindre dérangement, il s’envole en urgence et en stress, en explosant le toit durcit de son abri de fortune, ce qui lui fait dépenser énormément d’énergie.
Partir en randonnée hivernale en raquettes avec un accompagnateur en montagne permet de se déplacer et de découvrir cet environnement presque en dormance en minimisant grandement le dérangement.

De plus, du fait de la baisse de l’agro-pastoralisme en moyenne montagne, les milieux se ferment. Cette fermeture des milieux fait disparaître les placettes qui lui permettent de se retrouver une fois par an à la période des amours pour ses parades.
Beaucoup de chantiers nature, comme ceux organisés par A pas de loup permettent entre autres de travailler sur la conservation de ces zones ouvertes et favorisent le maintien de la population des tétras et d’autres espèces.

L’année du naturaliste est jalonnée par des périodes caractéristiques comme le brame du cerf ou la parade du tétras. La parade du tétras se déroule en fin d’hiver – début de printemps. Comme pour beaucoup d’espèces, les mâles essaient de sortir du lot pour séduire les femelles. Ils se regroupent sur des places de chant et effectuent une danse assez particulière et rigolote en émettant un chant caractéristique.

Chant du Tétras Lyre – Jean Roché

Ils se confrontent aussi face à face et sautent les pattes en avant pour impressionner l’autre. Les femelles sont souvent proches, restent un moment soit regardant ailleurs, soit cherchant de la nourriture ou même s’envolent un peu plus loin l’air indifférent à ces mâles qui font les beaux. Ça rejoint ma phrase d’intro, car finalement c’est quand même aussi elles qui accepteront de s’accoupler avec tel ou tel mâle. L’éloignement des femelles ne décourage pas les mâles qui continuent leurs parades. J’ai même observé des mâles seuls faire leur parade alors qu’il n’y avait à priori ni mâle ni femelle tout proche.

Je n’avais jamais essayé de faire un affût pour faire des photos. Or, le tétras est quand même une espèce très appréciée par les photographes nature. J’y ai remédié cette année. Ma première sortie fut avortée par un temps pourri. Mais quelques jours plus tard, j’ai tenté ma chance malgré un temps aussi pourri à 1000m d’altitude. Par contre, arrivé à 1300m, ce n’était plus de la pluie mais de la neige. Chanceux, une fois sorti de mon véhicule, elle s’est arrêtée de tomber. Je suis resté tout le matin dans le brouillard et, même bien équipé, j’ai eu froid!
Je suis allé sur une zone très connue, j’ai pu m’approcher et m’installer avec mes toiles de camouflage au pied d’un arbre pour être assez proche d’eux sans les déranger. Voici quelques photos que j’ai ramenées.

Attention, j’espère que vous avez remarqué, je suis joueur, j’ai mis un intrus!

Lors de cette sortie, j’ai observé entre 10 et 15 mâles, sur 2-3 zones assez proches, mais une seule femelle.

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